Cabanes
La
cabane de l'épervier
Prélude.
Une cabane dans les arbres. Un rêve d’enfant…
Ou plutôt un rêve d’enfant d’une époque, celle qu’on vit. Parce qu’il ne faut pas se projeter loin dans le passé pour que ce rêve appartienne à la réalité. Les époques passent et emportent des souvenirs tout frais encore dont nos enfants ne parleront qu’au passé.
Monter dans les arbres, construire des cabanes… Un rêve, une sensation de liberté pour des enfants, devenus grands.
Au village.
Armand Lesage vit seul depuis 1987, année de la mort de sa femme. Une retraite de la fonction publique qu’il passe paisiblement, sans bruits ni histoires, dans son petit village de Louftemont. Là, tout le monde le connaît, quelques anciens avec qui il partage à l’occasion deux mots et une mirabelle et les plus jeunes pour qui il suscite plutôt l’indifférence.
Le refuge.
Parfois, Armand Lesage disparait de longues heures ou des journées entières. Ce qui l’anime, ce qui brise sa solitude, se situe à quelques pas du village, dans son refuge. Une communion avec la forêt qu’il entretient depuis des années maintenant.
La rencontre.
Ces bois, Ses bois, il les connaît comme sa poche.
Un jour, à la croisée des chemins, survient une rencontre qui guidera son destin. Un jeune épervier blessé, une aile pendante. Armand le recueille et pense immédiatement à cette cabane qu’il a construite dans les arbres une trentaine d’années auparavant.
La fuite.
Les deux années qui suivent, Armand s’attèle à aménager cette cabane où il passe la plus grande partie de son temps. Son épervier devenu un adulte de taille et d’une force impressionnantes.
Ses visites au village s’espacent jusqu’à devenir rares.
Jusqu’au jour où les rares amis qui lui restaient se décident à lui rendre visite.
Aucune trace d’Armand et de son épervier.
…
Si vous passez dans les bois de Louftemont, vous apercevrez peut-être la cabane de l’épervier.
Aujourd’hui, Armand Lesage ne laisse plus personne indifférent. Une énigme pour les anciens, pour les plus jeunes, une légende…
Œuvre : Eric Geerdens
Texte : Frédéric Gribaumont
Olaf Jürgensen
Toujours plus beau, toujours plus haut… New-York, Tokyo, grattes ciel futuristes et villas splendides. Un must, un nom règne, ronflant pour les acquéreurs richissimes d’un bien d’exception : Olaf Jürgensen, architecte suédois que s’arrachent les gros bonnets de ce monde. Les commandes pleuvent, farfelues, titanesques et Olaf s’en amuse. Se pliant aux caprices d’hommes d’affaires soucieux de leur image, prêts à déployer des moyens écœurants pour le grand étalage. Un monde de fastes et d’artifices que côtoie occasionnellement Olaf - plus par obligation que par goût - lors de vernissages ou de soirées mondaines où le propriétaire se targue de présenter le concepteur de génie de son logement.
Olaf y songe, à ces clients dont la façade s’impose et rend artificielle toute notion de bien-être. Ces pauvres gens dont la fortune impose le superficiel dressé devant le bonheur sincère de la simplicité. Mitigé entre une peu de honte d’alimenter cette course d’ogres de la consommation et une dérision de ce qu’il a créé.
Cet architecte connu mondialement vit paradoxalement dans une étrange discrétion. Exhibé lors de ses sorties en public, en objet de réussite de ces hôtes, sa vie privée ne présente pas d’intérêt. Une situation qui lui convient puisque cette vie lui appartient.
Le chant des oiseaux et des arbres accompagne l’air frais et parfumé de nature par la fenêtre ouverte. De temps en temps, un chevreuil ou un caribou passe à quelques mètres. Parfois, un cerf s’aventure non loin. Olaf déguste cette qualité de vie construite de ses propres mains et de sa volonté de fuir les dérives d’un monde qu’il connait trop bien.
Son palais, il l’a bâti en forêt canadienne, au bord d’une falaise, avec les matériaux qu’elle lui a offerts. Sa pièce maîtresse, le summum du luxe, loin de la « civilisation » et en accord avec lui-même.
Œuvre : Eric Geerdens
Texte : Frédéric Gribaumont
A la barrière, c'est au bout du chemin